Médecine aborigène : Partie 1 – Communauté Aborigène Mowanjum – Tribus Wororra, Ngarinyin et Wunumbul]

En 2018, j’ai vécu un mois auprès des peuples aborigènes. J’ai pu approcher leur culture et toucher du doigt quelques fondements de leur mode de pensée, de leur façon de vivre et de leur histoire.

L’histoire des Aborigènes

Datant de 50 000 ans, la civilisation Aborigène est la plus ancienne de la planète. Ils ont subi la colonisation à la fin du 18ème Siècle et représente désormais seulement 3% de la population australienne. Suite à l’arrivée des colons, ils ont vécu des années de déracinements qui s’étalent désormais sur 7 générations.

Médecine Aborigène

La relation des Aborigènes avec la terre

Les Aborigènes ont une relation extrêmement forte avec la terre et la nature. Ils ne différencient pas la nature de l’humain. Ils sont une composante de la nature au même titre que l’arbre ou la fourmi ; et la nature est une partie intégrante de leur chair. 

Cette relation forte avec la nature est la base de leur organisation sociale et de leur mode de pensée. L’inconscient est valorisé, parfois même au-delà du conscient. Le territoire définie leur identité. Lors d’une discussion avec un l’un d’entre eux, je lui avais demandé comment il s’appelait. Spontanément, comme pour se définir, il m’avait répondu : « J’appartiens à cette terre, c’est la terre de mes ancêtres ». Cela montre bien la relation étroite qu’ils entretiennent avec la Terre.

Chaque Aborigène identifie comme sa chair des lieux particuliers et certaines entités telles que les animaux, plantes, et même le vent, la pluie, les étoiles…

Ils ont une vision interconnectée du monde, et dans cette vision, tout est soin : narration, cérémonies, danses, peintures et couleurs, sons et chants, esprits et ancêtres, plantes… 

Les 3 tribus

La communauté Mowanjum est un regroupement de 3 tribus du nord de l’Australie : les Wororra, les Ngarinyin et les Wunumbul. Ils croient au Dieu Wandjina, qui est le créateur suprême. Ils continuent de peindre la représentation de Wandjina, sur des tableaux désormais, et non plus dans des grottes comme cela se faisait avant.

Ces peintures sont sacrées. Tout comme les grottes qui abritent toujours les peintures des anciens, et qui sont très bien gardés. Les visiteurs étant interdits d’accès. Et ,si l’autorisation est donnée de les visiter, il faut qu’un aborigène de la tribu accompagne afin de demander aux esprits la permission d’y entrer. 

Ils utilisent le rêve pour guide. Lors de mon séjour dans la première clinique de médecine aborigène d’Australie, j’avais demandé à la femme-médecine, d’où lui venait cette capacité à soigne. Et elle m’avait répondu que, petite, elle avait appris en observant son père guérisseur et qu’aujourd’hui, elle apprenait grâce au monde des rêves. 

Entre sommeil et éveil, le temps du rêve est le fondement des cultures aborigènes. Il leur permet de se connecter à l’origine de la création, aux mondes parallèles, à l’inconscient, sans limite d’espace ni de temps. Selon leur vision, le temps est circulaire et à travers le rêve, leur esprit peut retrouver des connaissances du passé et les faire revivre. Pour les aborigènes, les rêves sont parfois plus réels que la réalité. 

Médecine aborigène australie

La transmission du savoir

Le savoir est transmis oralement de génération en génération. D’où l’importance de ces temps dédiés au partage. Leur savoir étant sacré et secret, il y a peu d’écrit et peu de choses que les blancs ont le droit de savoir. Et le fait de poser des questions à ce sujet n’est pas bien vu. Il faut savoir garder le silence, et attendre que l’information vienne d’elle-même (ou non !).

Les personnes que j’ai rencontrées vivent l’instant présent. Ce qui peut paraitre déconcertant par moment, car l’anticipation ne fait pas partie de leur façon de vivre.

J’ai eu quelques difficultés à me faire à cela, car c’est à l’opposé de notre façon de vivre en occident. Et cela peut amener à des situations assez folklo (surtout quand il faut préparer un festival d’art et de danse qui attire des voyageurs du monde entier… !).

En effet, lors de ces semaines passées à leur côté, j’ai pu les aider à finaliser une rencontre interculturelle, qui a pour objectif de transmettre les chants, les danses et le savoir des anciens aux plus jeunes afin de pérenniser le plus longtemps possible cette façon de vivre.